La vie d’un malade en attente de greffe n’est pas une vie, mais bel et bien une survie. Même si le moral est là, souvent par force. La greffe, si elle n’apporte pas la guérison, permet néanmoins de mener une vie presque normale.
Le premier évènement dont je me souviendrai toujours, c’était le lendemain de ma greffe. Mon fils m’avait appelé sur mon portable pour avoir le numéro de téléphone de l’une de mes amies. J’ai consulté mon répertoire et je lui ai donné le numéro d’un seul jet ! Et là je me suis dit que quand même, il y avait du changement… Avant, j’aurai regardé trois fois mon mobile, ne mémorisant pas plus de quatre chiffres d’affilée. En effet, à cause de la maladie, j’avais progressivement vu mes capacités intellectuelles diminuer, je perdais ma mémoire immédiate, me concentrer et prendre une décision était devenu une épreuve, tout était difficile et source d’angoisse… Mais ça, c’était avant la greffe. Je suis redevenue celle que l’on disait « hyper active » !
Le second évènement marquant se tient le 24 décembre 2015, soit 4 mois après la greffe. À cinq heures du matin je conduis mon fils aux urgences pour un problème aux yeux sans gravité majeure. À 15h, nous sommes de retour à la maison. Je charge nos bagages dans la voiture, et nous partons en direction d’Angers (3h de route). La soirée se déroule normalement, nous réveillonnons en famille et vers deux heures du matin, je vais me coucher… il était temps, je suis levée depuis 5 heures ! Sauf qu’avant, mes journées commençaient péniblement à 9h et s’arrêtaient vers 15h. En rentrant de l’hôpital, au lieu de prendre la route, je serais allé me coucher à bout de forces… Mais ça, c’était avant la greffe.
Le troisième évènement s’est déroulé le 11 novembre 2017. Pour la première fois depuis près de trois ans, j’ai eu le plaisir de recevoir 12 membres de ma famille pour un déjeuner que j’avais préparé toute seule, et j’étais très heureuse. J’ai retrouvé le plaisir de cuisiner, et celui de manger. Avant la greffe, me nourrir était devenu très compliqué, tout m’écoeurait, la nourriture m’empoisonnait. Lorsque j’ai été appelé pour la greffe, mes repas étaient composés de riz, de compote et d’une biscotte… Mais ça, c’était avant la greffe.
Des exemples comme ceux-ci, j’en ai beaucoup.
Je pourrais vous parler de ma relation avec mes enfants, de la joie d’être aujourd’hui une grand-mère qui peut jouer avec ses petits-enfants, du plaisir de faire du shopping, de lire, de bouger, de prévoir des voyages, d’avoir à nouveaux des projets….bref, de retrouver ma vie et ça, ça n’a pas de prix.